mercredi 17 juillet 2013

Résumé sur l'escroquerie des partis politiques

Il m'a semblé utile de proposer un petit résumé de la façon dont j'évalue le système des partis, et de rappeler en quoi ce système est, au mieux, une escroquerie, et, au pire, une atteinte grave à nos droits de citoyens.

Quelques postulats simples


Postulat 1: la démocratie, par définition, est un système de "gouvernement où le peuple exerce la souveraineté" (Littré).

Postulat 2: nous souhaitons vivre dans un état de droit, c'est à dire que nous voulons que les décisions s'expriment sous la forme de lois plutôt que par l'arbitraire; c'est un postulat, mais il semble raisonnable.

Conclusion 1: du postulat 2, il découle que, dans un état de droit, le pouvoir -les décisions- appartient à ceux qui font les lois.

Conclusion 2: du postulat 2, il découle également que le pouvoir de décider est donc l'apanage du pouvoir législatif, et de lui seul.

Conclusion 3: des points 1 et et 2, il découle qu'en démocratie, le peuple doit pouvoir faire la loi.

Il y a donc deux possibilités qui permettent l'expression du peuple

- ou bien il est techniquement possible de permettre à l'ensemble du peuple de contribuer à l'élaboration de la loi; c'est la démocratie
- ou bien ce n'est pas possible (pour des raisons techniques, dans le meilleur des cas; parce que les citoyens sont jugés indignes ou incapables de participer, dans le pire), et nous passons par une représentation en conservant à l'esprit que nous sortons du cadre strictement démocratique -au moins aux grandes échelles. C'est la représentation démocratique.
                  

Définition du régime de représentation démocratique

Admettons (voir plus haut) que nous acceptions la mise en place d'un régime de représentation démocratique. La France est-elle dans ce cas?

En France, le Parlement fait la loi. Or l'accession à un mandat parlementaire se fait au travers des partis, dont le rôle est légitimé par l'article 4 de la constitution de 1958 (voir texte complet à droite), qui jouent ainsi le rôle de filtre entre le citoyen et le pouvoir. Quand je vote, mon seul pouvoir est de glisser dans une enveloppe un bulletin portant un nom qui a été choisi par d'autres que moi -les partis, alors que je voudrais pouvoir décider de ce nom. Je voudrais même, en tant que citoyen, avoir un jour la possibilité de contribuer à faire la loi et de mettre mon propre nom dans l'enveloppe.

Conclusion 4: un régime de représentation démocratique n'est pas un pays où l'on vote; c'est un pays où l'on peut être élu.

Pourquoi les partis sont nuisibles à la représentativité -a fortiori à la démocratie et à la représentation démocratique


Les partis sont basés sur le militantisme, c'est à dire qu'ils ont destinés à sélectionner des individus très particuliers: les militants. Qu'est-ce qu'un militant politique? Quelqu'un qui a une idée, et qui est persuadé que cette idée est la vérité. Un militant politique, persuadé d'avoir raison, considère qu'il est de son devoir d'imposer sa raison aux autres, qui ont tort s'ils ne pensent pas comme lui, ou qui sont ignorants s'ils n'ont pas d'avis. Au nom de la vérité, un militant considérera qu'il est normal de prendre le pouvoir pour imposer sa vision; cela justifie, à ses yeux, les "écarts" ou les "libertés" prises avec les lois (faux, détournement, etc.); après tout, c'est pour le bien de tous! Je rappelle que Staline, Mao, Hitler, Mussolini -et combien d'autres! étaient des militants. Daladier et Chamberlain aussi.

Conclusion 5: les partis politiques ne sont pas des lieux de réflexion; ils sont des outils destinés à la conquête du pouvoir à l'usage de leurs cadres.

Rien ne permet de dire que la démocratie est un bon système; nous n'avons aucune expérience à analyser. mais les résultats économiques, écologiques, sociaux des dernières décennies confirment que le système des militants est un échec. Il suffit de télécharger sur le site de l'insee les chiffres du chômage, de la dette, etc. pour s'en convaincre.

Conclusion 6: c'est l'absence de résultats aujourd'hui et de projets pour demain qui invalide le système des partis, pas la volonté de s'accrocher à une notion théorique de la démocratie. La démocratie apparaît comme une possibilité -peut-être y en a-t-il d'autres? de permettre un mieux-être général.

Sur le tirage au sort


La loi fonde donc la décision de l'état de droit. Une décision se traduit par deux temps différents:
- un choix; le loisir de choisir une voix, dans une société démocratique, est l'apanage du citoyen. A cet égard, tous les citoyens doivent être considérés comme égaux dans le processus d'élaboration des choix, car c'est le statut même de citoyen qui détermine la capacité à contribuer au choix. Dès lors, le tirage au sort respecte les modalités de désignation représentative des membres du pouvoir législatif car il respecte l'égalité des citoyens.
- une action; la décision, une fois prise, doit être mise en œuvre, pour aboutir au résultat escompté. Et là, nous ne sommes pas tous égaux dans la compétence qui consiste à construire tout le processus de mise en œuvre de la décision, de même que nous ne sommes pas tous égaux face à un problème de maths ou une piste de 110 mètres haies. Il faut donc confier ce point à des personnes choisies non pas en fonction de leur statut de citoyen, mais en fonction de leur compétence à exécuter des décisions complexes.

Conclusion 7: le pouvoir législatif, qui consiste à décider des choix pour la société,doit être dévolu aux citoyens, pas aux militants; dans le cas d'un système représentatif, la désignation des représentants doit respecter l'égalité des citoyens.

Conclusion 8: le pouvoir exécutif, qui consiste à mettre en œuvre les décisions prises par le pouvoir législatif, doit être dévolu, selon des conditions strictes, à des individus choisis pour des compétences, et non pour une appartenance.

Conclusion 9: la séparation des pouvoirs n'est pas une frontière symbolique; elle est fondée par cette différence fondamentale: ceux qui décident sont des citoyens -et cela seul suffit à légitimer leur participation, ce qui exclut le processus électoral, ceux qui exécutent sont choisis pour des compétences -et donc ils doivent être soumis à des évaluations, donc à un recrutement, ce qui ne peut être un processus électoral.

En dehors des militants, tout le monde peut comprendre cela.

Le Citoyen Sans Parti

jeudi 4 juillet 2013

Delphine Batho et le Koz'Vitt

Merci Delphine Batho


Je tenais à remercier Delphine Batho.

Non pas pour le rôle qu'elle a joué au ministère de l'écologie. Les journaux s'accordent à dire qu'elle fut une erreur de casting, et quelle était arrivée là sans compétence sur le sujet. Du coup, elle n'avait aucun résultat, rien qui lui aurait permis de faire remonter Hollande dans les sondages. Ajoutons à cela que son personnel semble dire qu'elle posait des problèmes relationnels, et nous ne nous étonnerons pas de ce limogeage.

Un an pour s'installer


Cohn-Bendit disait que c'était dommage, car elle "commençait à s'installer dans son rôle de ministre de l'écologie". Je lui réponds que la politique est bien le seul endroit où l'on peut être grassement payé pendant un an avant de commencer à prendre la mesure de sa fonction.

Ce délai d'un an pour s'installer dans une fonction est d'ailleurs incompréhensible. Il suffit en effet de 10 minutes pour passer les consignes entre deux ministres qui se succèdent. C'est manifestement une fonction très simple! Comment dès lors est-il possible de prendre UN AN pour s'installer dans une fonction aussi simple?

Une réponse simpliste serait de rappeler ce que j'ai écrit par ailleurs: une fonction exécutive s'obtient sur une appartenance, pas sur une compétence, ce qui pourrait expliquer ce délai.

C'est là que je remercie Delphine Batho; un examen rigoureux de la "cérérémonie" de passage de témoin m'a permis de comprendre les raisons de ce mystère.

Il y a en effet deux cas de passage de témoin

Premier cas: on passe le témoin à un ministre de l'autre bord


Dans ce cas, on a envie de lui savonner la planche. Voici un exemple type de passage de témoin entre deux militants de bords opposés.

Le sortant: Salut! Bon écoute, c'est ultra-dur, tu vas en baver, en voir de toutes les couleurs, tu n'auras aucun résultat et tu te feras shooter comme tout le monde.

Le prenant: Super! Ca a l'air motivant!

Le sortant: Pas de panique, tu me plais, je vais t'aider en te disant tout ce que je sais.

Le prenant: Ca c'est vachement sympa!

Le sortant: Mais bon, c'est un ministère super compliqué. Il y a beaucoup de choses à dire, et je suis un incroyable bosseur, donc j'ai commencé plein de choses. Pour gagner du temps, je vais utiliser un langage super efficace. Comme tous les militants, tu a appris à parler le koz'Vitt?

Le prenant: ah ouais! le koz'vitt... euh... c'était il y a quand même longtemps.

Le sortant: pas de souci! Ca ne s'oublie pas. Je commence: (voix suraigue, type passage de bande son en accéléré). Et voilà! Maintenant tu sais tout en détail, et ça nous a à peine pris 10 minutes! Difficile de transmettre autant d'infos en aussi peu de temps. Regarde les journalistes... Souris!

Le prenant: Euh... merci, je ne sais pas quoi dire!

Le sortant: Bon c'est pas tout ça, faut que je retrouve un boulot bien payé aux frais de la république, j'y vais. Allez, salut!

Le sortant, après avoir franchi le portail du ministère: Bon sang! quelle truffe! Le koz'vitt... Comment peut-on croire une pareille bêtise! Quand je raconterai ça aux copains tout à l'heure, on va rigoler! Comment s'appelle-t-il, déjà? Tiens, ce nom me dit quelque chose... Bon sang! il est du même parti que moi!

Second cas: on passe le témoin à un ministre du même bord


On la joue sincère.

Le sortant: Bon, écoute; ça fait un an que je suis là, je viens de me faire virer alors que je commençais juste à m'installer dans la fonction. Autant te dire que j'ai rien vu, rien appris, rien compris. Mais je sais des truc qui vont t'aider.

Le prenant: Super! Vas-y, je t'écoute, je prends tout.

Le sortant: Bon, point numéro 1: le verrou des toilettes du bas. Fais gaffe! Il reste bloqué des fois, et tu te retrouves coincé dans les gogues, à devoir attendre des plombes parce que tu as trop honte qu'un loufiat te voit et raconte tout au Canard enchaîné. Heureusement, tu as une solution. Grâce à ton smartphone, tu peux accéder à ton agenda et modifier des rendez-vous pour faire croire que tu es en déplacement. Ensuite, tu attends la nuit pour fracturer la porte quand l'étage est désert, en faisant gaffe aux caméras de surveillance qui sont ici, ici, et ici.
Point numéro 2: les profiteroles. Elles sont ultra-chargées, j'a fait démarrer une enquête pour vérifier si le cuistot n'est pas un militant du bord d'en face infiltré pour nous rendre obèses, garde-un œil dessus.
Point numéro 3...

En tout, 10 minutes.

Merci Delphine! Grâce à toi, je sais parler en koz'vitt, le langage du militant efficace!

Et comme on dit dans la marine: bon vent bonne mer!

Le Citoyen Sans Parti

mercredi 3 juillet 2013

Merci aux Egyptiens

Bravo au peuple égyptien; il s'est rebellé contre un dictateur il y a deux ans, et sa révolution a été confisquée par une poignée de voyous sous une vague apparence de démocratie. Il se rebelle à nouveau contre une nouvelle tentative de dictature, totalement prévisible et transparente.

Sur l'arrivée de Morsi au pouvoir


Il n'est pas inutile de rappeler que Mohamed Morsi prend la tête d'un parti -le parti de la liberté et de la justice, rien que ça! créé juste après (30/4/2011) le démarrage de la révolution de février 2011. Pourquoi? Parce qu'il est prévu, après la révolution, de rentrer dans la logique classique de l'escroquerie démocratique: faire voter un peuple, mais garder ce vote sous le contrôle des partis. Il fallait donc aux frères musulmans un parti vitrine.

Ensuite, Morsi rappelle qu'il a été élu par 51,73% des voix, majorité au nom de laquelle il déclare qu'il préfère mourir plutôt que se démettre, car il est le représentant légitime de la majorité.

Ce score de 51,73% des voix est exact... si l'on ne tient compte que des bulletins exprimés. Si l'on rajoute les bulletins invalidés et l'abstention, le score de Morsi est de ... 24,2%

Une bien belle légitimité, qui ferait certes envie à Frédéric Lefebvre, mais qui interdit de prétendre représenter le peuple.

Bravo à l'armée


Je dis bravo à l'armée pour avoir soutenu la seconde révolte du peuple égyptien. Puisse-t-elle avoir la sagesse nécessaire pour protéger le peuple des partis politiques, tout en permettant l'émergence d'une vraie démocratie.

Sacré défi! Et tellement inhabituel.

J'entends déjà les bien-pensants des régimes de partis hurler au loup. Je rappelle que les pires dictatures du 20ème siècle se sont établies grâce aux partis, pas grâce aux armées. La seconde guerre mondiale aurait-elle eu lieu, si des armées étaient intervenues pour empêcher la mise en place de dictatures?

Ne leur donnons pas de chèque en blanc. Mais suivons cela de près, et croisons les doigts pour que leur horizon s'éclaircisse.

Le Citoyen Sans Parti