vendredi 14 juin 2013

L'abbé Siéyès: un précurseur

Je vous livre, sans le commenter, ce passionnant discours de Siéyès qui devrait figurer dans tous les cours d'éducation civique.

Notez-en la date!

« Les peuples européens modernes ressemblent bien peu aux peuples anciens. Il ne s’agit parmi nous que de commerce, d’agriculture, de fabriques, etc. … Le désir des richesses semble ne faire de tous les états de l’Europe que de vastes ateliers : on y songe bien plus à la consommation et à la production qu’au bonheur. Aussi les systèmes politiques aujourd’hui sont exclusivement fondés sur le travail ; les facultés productives de l’homme sont tout ; à peine sait-on mettre à profit les facultés morales, qui pourraient cependant devenir la source la plus féconde des plus véritables jouissances. Nous sommes donc forcés de ne voir, dans la plus grande partie des hommes, que des machines de travail. Cependant vous ne pouvez pas refuser la qualité de citoyen, et les droits du civisme, à cette multitude sans instruction qu’un travail forcé absorbe en entier. Puisqu’ils doivent obéir à la loi tout comme vous, ils doivent aussi, tout comme vous, concourir à la faire. Ce concours doit être égal.

Il peut s’exercer de deux manières. Les citoyens peuvent donner leur confiance à quelques-uns d’entre eux. Sans aliéner leurs droits, ils en commettent l’exercice. C’est pour l’utilité commune qu’ils se nomment des représentations bien plus capables qu’eux-mêmes de connaître l’intérêt général, et d’interpréter à cet égard leur propre volonté.

L’autre manière d’exercer son droit à la formation de la loi est de concourir soi-même à la faire. Ce concours immédiat est ce qui caractérise la véritable démocratie. Le concours médiat désigne le gouvernement représentatif. La différence entre ces deux systèmes politiques est énorme.
Le choix entre ces deux méthodes de faire la loi n’est pas douteux parmi nous.  » (Discours sur l’organisation du pouvoir législatif et la sanction royale, 7 septembre 1789)


Les raisons de préférer le système (non démocratique) représentatif sont : « Non seulement […] en optant pour la démocratie la France signerait son éclatement, mais encore […] la grande majorité des citoyens n’a ni assez d’instruction ni assez de loisirs pour participer à l’élaboration de la volonté générale. Les lumières, les loisirs : voici établis en deux mots les critères qui ouvrent l’accès aux affaires publiques. » (Note sur le discours sur l’organisation…, édition de la Pléiade)

On rechercherait en vain un tel niveau d'intelligence dans la classe politique actuelle... Simplement, depuis 1789, la formation des citoyens et la technologie rendent possibles la démocratie, structurellement inconcevable à l'époque de Siéyès.

Qu'attendons-nous pour nous débarrasser des partis?

Le Citoyen Sans Parti

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