vendredi 28 juin 2013

La retraite vu par l'œil quasi-aveugle de la pensée unique

Hervé Gardette, dans son émission "du grain à moudre", revenait sur le problème des retraites. une fois de plus, la seule réponse des invités était de reproduire ce qui se fait depuis des lustres, en se disputant sur la manière dont il fallait régler le curseur entre retraite par répartition et retraite par capitalisation.

La conclusion, en résumé, était la suivante: notre système est excellent. Son manque de financement provient d'un manque de cotisation qu'il suffit de régler par une fuite en avant dans la consommation. Et ils comptaient sur les partis pour impulser un vrai programme de relance de cette consommation.

Voici ma réponse. On peut penser que j'ai tort, cela m'importe peu. On ne doit pas penser qu'eux ont raison.

"Hello Hervé

Je suis consterné par vos invités. Ils représentent le début du xxème siècle.

Le fond du problème est le suivant: nous vivons aujourd'hui sur une conception de l'économie héritée de Bismarck: l'économie de surplus.

Au début du xxème siècle, la mécanisation et la disponibilité énergétique ont entraîné une réduction drastique des coûts de production qui a permis à l'économie de dégager des surplus. Ces surplus ont financé un début de protection sociale. Mais les dépenses sociales de l'époque -éducation, santé, retraite, chômage- étaient limitées: études courtes, espérance de vie à peine au-dessus de l'âge de la retraite...

La seconde guerre mondiale a permis là encore un fort développement du monde industriel (c'est triste, mais c'est ainsi) qui a permis au CNR de mettre en œuvre son programme social.

Aujourd'hui, nous demandons au secteur marchand de dégager des surplus de plus en plus élevés:
- allongement de la durée des études (coûts de l'éducation)
- allongement de la durée de la vie
- santé
- et rémunération excessive des actionnaires
alors que la part du secteur marchand dans l'ensemble des besoins économiques diminue -sans compter cette stupide concurrence avec les pays à bas coût de main d'œuvre, et la production excessive de carbone liée à l'importation de biens depuis lesdits pays.

Consommons plus! Détruisons la planète!

La seule réponse des militants est: croissance! Plus de secteur marchand dégagera plus de surplus pour financer plus de social! Il suffit donc de consommer plus.

C'est voué à l'échec puisque les surplus du secteur marchand diminuent, mais les besoins de financement du secteur "social" augmentent, et ce mouvement continuera:
- le sens de l'histoire va vers une prédominance du secteur "social"; on veut tous vivre plus longtemps, être mieux formé, et en bonne santé.
- les consommations de ressources naturelles qui sont à la base du secteur marchand ne peuvent progresser massivement -ce serait de la folie écologique.

La seule bonne question à se poser est: comment abandonner l'économie de surplus héritée de la révolution industrielle pour passer à une économie de besoins?

Juste une question de modèle. Mais une question qui demande la capacité à inventer, pas la capacité à reproduire (mal) des schémas plus que centenaires. Les pistes sont assez simples si l'on part dans cet esprit. Son financement n'est même pas compliqué.

Naturellement, vos invités sont libres de penser que les partis et leurs militants vont résoudre la crise en encourageant la croissance.

Mais soyons sérieux: qui peut y croire?"

Le Citoyen Sans Parti

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